Depuis plusieurs années déjà, je voyais les indices sur la piste. Il s’en était fallu de peu, probablement à plusieurs reprises. Comme ce matin de printemps où j’avais retrouvé ses traces un peu plus haut dans la neige, au-dessus de mon affût au Tétras. La veille elles n’y étaient pas. Mais hier le parcours de mon habituelle patrouille le long du versant a croisé le cheminement du groupe. La matinée était bien avancée, la chaleur montait des éboulis et je m’apprêtais à rentrer, plein de cette tranquillité et de ces odeurs de résineux, de terre mouillée et de lavandes. Le seul fait d’être là, à cet endroit, aurait suffi, après cette progression de nuit et la naissance du jour. Et puis je les ai vus, les uns après les autres, rentrer dans le bois serré sous mon perchoir rocheux. J’ai juste eu à descendre de quelques pas à leur rencontre. Ils étaient déjà si proches.
Une image numérique au jugé d’un pelage qui file dans le taillis, et puis la fuite silencieuse, une volée de pattes, de courses et de corps fauves et gris qui giclent entre les troncs entremêlés et les éclats de lumière. A vingt mètres ma rétine flashe dans le soleil le bond du dernier loup. Maintenant je peux rentrer.
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